Chez Jumo, parmi la petite centaine de modèle de la marque, c’est le seul qui fut breveté.
En effet, il s'agit d'un luminaire rétractable au système mécanique unique et circuit électrique complètement dissimulé avec allumage automatique à l'ouverture.
Les deux parties du bras articulé s’emboîtant l'une dans l'autre, des flasques en acier et cuivre permettent de protéger les fils électriques et apporte un effet esthétique de mouvement.
Les points d'articulations inférieur et supérieur sont sertis acier-fibre-acier pour une performance optimal, on retrouve cette technique d'articulation par friction sur beaucoup d'autres modèles de lampe Jumo.
L'articulation intermédiaire est constitué d'un cliquet qui permet le verrouillage mécanique en position complètement ouverte.
A la levée du bras inférieur, l'interrupteur libéré actionne un jeu de lamelle de cuivre (cacher dans le socle) créant le contact électrique. Performante jusque dans le détail : la douille est escamotable facilitant l’accès pour le remplacement de l'ampoule.
Sa large base équipée de tampon anti-dérapant lui donne une excellente stabilité, elle est lestée d'un bloc de fonte ingénieusement caché dans le socle.
Extrait du catalogue Jumo |
De telles lignes ont pu être réalisées qu'avec la technique de la résine phénolique thermoformés : la bakélite, qui constitue son socle et diffuseur. Cette matière était déjà très présente dans la conception de radio, téléphone et objet divers, mais rarement de lampe en France.
D'après le catalogue de la marque édité en 1960, elle était proposée en 3 colories : noir, brun et bordeaux (il n'est pas prouvé que les noirs soient plus récente que les autres). Le modèle blanc (en Galalithe) viendra vers la fin de production (1970-80), elle aurait également existé en vert, d'après le catalogue de l'expo "Bakélite"(1982) de Michel Roudillon (merci à Yannick pour l'info).
La Lucidus Bloc visible ici dispose d'une mécanique chromée et flasque en cuivres, elle existe également à l'inverse avec la mécanique cuivrée et flasques chromés, il ne semble pas y avoir de différence de période de production pour ces éléments.
Sa forme aérodynamique lui concède différent surnoms tels que "goutte d'eau, mollusque, coquillage " ou le terme le plus répandu de "Bolide", outre la notion de vitesse, ce surnom provient d'un amalgame attribuant sa conception à l'artiste Franco-Hongrois Gustav Miklos.
Dans les faits, pendant quelques temps et jusqu'au début des années 2000, cette lampe est restée dans l'anonymat ou presque, les spécialistes et experts ont alors indiqués "attribuée à" ou "dans le style de" l'artiste G. Miklos pour sa sculpture en bronze patiné qui porte le nom de "Bolide" créé en 1924 (voir ci-contre) en raison de sa (très) vague ressemblance à la Lucidus Bloc de A. Mounique.
D'après la biographie de G. Miklos, ce sculpteur n'a jamais créé de luminaire.
Cette lampe est répertoriée dans le célèbre ouvrage de Charlotte et Peter Fiell, "1000 lights" faisant office de référence mais comportant des approximations qui n'ont plus lieu d’être aujourd’hui.
Sculpture de 1924 en bronze patiné de Gustav Miklos portant le nom de Bolide. |
Extrait de 1000 lights de Charlotte et Peter Fiell Edition Taschen 2005 |
Par contre, son inventeur Mr André Mounique c'est clairement inspiré des codes du Steamline en vogue aux Etats-Unis de la fin des années 20 au début des années 60 et plus particulièrement la partie avant des locomotives Diesel de la fin des années 30 comme le montre les images ci-dessous :
Haut gauche : le Taurus Express 1940 - Irak par une compagnie Anglaise
Bas gauche : Le Commodore Vanderbilt 1937/38 - Henry Dreyfuss - Etat-Unis
Extrait du catalogue Jumo |
Il s'agit d'un extraits du brevet américain (version du 6 mars 1951- valable depuis 1946 aux Etats-Unis et durant 20 ans) de la Lucidus Bloc dont il est précisé sur chaque page l'inventeur André Mounique ne laissant aucun doute sur la paternité de cette lampe.
Haseltine lake & Co Attorneys est la société qui était chargé des droits d'auteur aux Etats-Unis.
Ce document montre aussi 2 principales différences : la présence d'une boule sur la face avant, facilitant l'ouverture; et la mécanique du bras articulé est assez différente : la partie inférieure n'a pas les flasques de cuivre, la partie supérieure est composée d'un double tube. Le principe reste le même : les 2 parties du bras s’emboîte l'une dans l'autre à la fermeture du luminaire. Malgré mes nombreuses recherches, je n'ai pas trouvé de trace d'un modèle avec ces caractéristiques. Était-ce une version pour les Etats-Unis ou une première ébauche ?
Brevet d'invention Français |
Brevet déposé aux Etat-Unis |
Mais on trouve plus facilement les rééditions : dans les années 80 par Nice Création Compagnie (Japon - Osaka), et depuis 2013, en France, par New Jumo Concept et Alain Dosière qui l'a reproduit le plus justement possible.
Pour différencier un modèle Lucidus Bloc d'une réédition, outre la patine naturelle, il suffit de regarder sous le socle et observer les mentions : pour l'original vous trouverez "Jumo Breveté" et "Made in France".
Les rééditions sont modernisées de part certains éléments comme les vis assemblant les flasques du bras articulé, le type de douille et interrupteur.
Elles ont toutes les même dimensions :
Longueur : 28 cm
Largeur : 19 cm
Hauteur fermée : 14 cm
Hauteur ouverte : 41 cm
Poids : 2,8 kg
Culot ampoule : type B22 - 25 W maxAuteur : Alix Jaltier - autrefois-la-lumiere.com
L'histoire de la marque et autres lampes Jumo : autrefois-la-lumiere.com/lampe-jumo
Biographie de Gustav Miklos : wiki/Gustave_Miklos
Le courant Streamline : casalischarles.wordpress.com
La bakélite : fr.wikipedia.org/Bakélite
1000 lights : Charlotte et Peter Fiell, édition Taschen 2005
Réédition de New Jumo Concept : newjumoconcept.com
Le courant Streamline : casalischarles.wordpress.com
La bakélite : fr.wikipedia.org/Bakélite
1000 lights : Charlotte et Peter Fiell, édition Taschen 2005
Réédition de New Jumo Concept : newjumoconcept.com
Inscription sous le socle d'une réédition japonaise de la Lucidus Bloc |
Lampe Jumo Lucidus Bloc - Extrait d'une publicité de magazine des années 50. |
Extrait du film : Mr Batignole - 2001, de Gérard Jugnot - Sur le bureau d'un marchand d'arts, une lampe Jumo Lucidus Bloc. La scène se déroule dans le Paris de 1942, la Lucidus Bloc sera inventée quelques années plus tard. |
2 commentaires:
Génial article sur cette lampe mythique, ce site est de loin une référence dans ce domaine.
Bravo pour le travail et merci pour le partage de votre savoir.
Claude Joly
Superbe article qui suscite chez le non initié une passion très probablement naissante.
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